MEUNIER, TU DORS …
La première fois que j’ai entendu parler de ton enfance
Ce n’est pas par toi, mon père, dont je me souvenais à peine
Car à ma naissance tu étais parti gagner ton pain en France
Et on ne te revoyait que tous les deux ans avec un peu de veine
À tout juste sept ans tu travaillais déjà à l’usine avec ta mère
Tu as appris très tôt à entrelacer les fils pour faire des hamacs
Douze heures de labeur quotidiennes pour gagner une misère
Tu partais aux aurores le ventre vide mais réchauffé d’armagnac
À la sortie de ton adolescence pendant trois ans, en cachette
Tu donnais rendez-vous à maman qui était toujours à l’heure
Dans les combles de la petite maison familiale c’était la fête
A l’abri des regards vous construisiez votre nid de bonheur
Quand grand-mère, furieuse, a découvert cette ignominie
Vous avez été aussitôt convoqués à une réunion de famille
Elle t’a donné assez d’argent pour ton costume de cérémonie
Et tu l’as remerciée avec ton cœur de te donner main de sa fille
Jeune marié, tu as du partir pour ton devoir de service militaire
Mais tu n’as pas laissé maman seule, elle attendait votre enfant
Tu remercies même la nation qui t’a donné alors les bases scolaires
Sans lesquelles tu n’aurais pas gardé le lien d’amour en lui écrivant
La première fois que j’ai entendu parler de ton enfance
Ce n’est pas par toi, mon père, dont je me souvenais à peine
Car à ma naissance tu étais parti gagner ton pain en France
Et on ne te revoyait que tous les deux ans avec un peu de veine
À tout juste sept ans tu travaillais déjà à l’usine avec ta mère
Tu as appris très tôt à entrelacer les fils pour faire des hamacs
Douze heures de labeur quotidiennes pour gagner une misère
Tu partais aux aurores le ventre vide mais réchauffé d’armagnac
À la sortie de ton adolescence pendant trois ans, en cachette
Tu donnais rendez-vous à maman qui était toujours à l’heure
Dans les combles de la petite maison familiale c’était la fête
A l’abri des regards vous construisiez votre nid de bonheur
Quand grand-mère, furieuse, a découvert cette ignominie
Vous avez été aussitôt convoqués à une réunion de famille
Elle t’a donné assez d’argent pour ton costume de cérémonie
Et tu l’as remerciée avec ton cœur de te donner main de sa fille
Jeune marié, tu as du partir pour ton devoir de service militaire
Mais tu n’as pas laissé maman seule, elle attendait votre enfant
Tu remercies même la nation qui t’a donné alors les bases scolaires
Sans lesquelles tu n’aurais pas gardé le lien d’amour en lui écrivant
La vie était rude, dans ce pays d’Europe parmi les plus démunis
On ne peut pas vraiment dire que l’on mangeait à notre faim
Tu as pris la décision, après avoir la famille autour de toi réuni
D’améliorer notre sort en tentant ta chance dans un pays lointain
À l’orée de mes douze ans, la maladie a emporté ta femme, ma maman
Tu as pris tes « petits » et nous voilà immergés dans un nouveau pays
Difficile de tout quitter brusquement, mais je peux dire maintenant
Que ma terre d’adoption est l’endroit au monde où je voudrais finir ma vie
Je me rappellerai toujours avec nostalgie de cette maison de pierre
Qui a été mon refuge alors que je me sentais perdue et abandonnée
Là où tu étais le jardinier d’un domaine entre montagne et mer
J’adorais couper les roses avec toi et en faire des bouquets ordonnés
La dernière fois que je t’ai vu, le regard las, ton pas chancelant
J’ai pris tes mains aux doigts noueux comme les vignes que tu as taillées
Les caressant, je me suis remémoré tout ce qu’elles avaient fait d’étincelant
Et au cours de ces quelques quatre-vingt années généreusement éparpillé
Je suis forte de tes mains courageuses qui ont travaillé infatigablement
Je suis fière de tes mains habiles qui fabriquaient avec les coquillages
Des bateaux luxueux, des monuments, des bibelots artisanalement
On en a tous gardé en souvenir pour rester dans ton sillage
Je me réjouis surtout de ta plus grande victoire à force de batailles
Quand tu as pris un peu de bouteille et que tu t’es arrêté de boire
Tu l’as fait pour tes enfants et depuis tu as été sans faille
Ce papa que tu n’as pas su être pendant tes années déboire
Quand on se retrouvait tous les deux pour les grandes vacances
Nous partions à l’aube pour de longues marches au bord de l’océan
À notre retour le jeu de cartes nous attendait sur la table en faïence
J’aimais ta figure de mauvais perdant quand c’était moi le gagnant
Mon Meunier que j’aime, le moulin du temps a été trop vite
Meunier, c’est ainsi, maintenant ton cœur ne bat plus fort
Il a fallu que le mois où je suis née, à nouveau tu nous quittes
Je continuerai mon éveil à la vie puisque, « Meunier, tu dors »…
PHILALY // FEVRIER 2015
En souvenir de mon père nommé MOLEIRO qui en français se traduit par « Meunier »
De toi, « Pai », je ne garderai que le meilleur de ce que la vie a eu à nous offrir
Jusqu’au 9 février 2015.
On ne peut pas vraiment dire que l’on mangeait à notre faim
Tu as pris la décision, après avoir la famille autour de toi réuni
D’améliorer notre sort en tentant ta chance dans un pays lointain
À l’orée de mes douze ans, la maladie a emporté ta femme, ma maman
Tu as pris tes « petits » et nous voilà immergés dans un nouveau pays
Difficile de tout quitter brusquement, mais je peux dire maintenant
Que ma terre d’adoption est l’endroit au monde où je voudrais finir ma vie
Je me rappellerai toujours avec nostalgie de cette maison de pierre
Qui a été mon refuge alors que je me sentais perdue et abandonnée
Là où tu étais le jardinier d’un domaine entre montagne et mer
J’adorais couper les roses avec toi et en faire des bouquets ordonnés
La dernière fois que je t’ai vu, le regard las, ton pas chancelant
J’ai pris tes mains aux doigts noueux comme les vignes que tu as taillées
Les caressant, je me suis remémoré tout ce qu’elles avaient fait d’étincelant
Et au cours de ces quelques quatre-vingt années généreusement éparpillé
Je suis forte de tes mains courageuses qui ont travaillé infatigablement
Je suis fière de tes mains habiles qui fabriquaient avec les coquillages
Des bateaux luxueux, des monuments, des bibelots artisanalement
On en a tous gardé en souvenir pour rester dans ton sillage
Je me réjouis surtout de ta plus grande victoire à force de batailles
Quand tu as pris un peu de bouteille et que tu t’es arrêté de boire
Tu l’as fait pour tes enfants et depuis tu as été sans faille
Ce papa que tu n’as pas su être pendant tes années déboire
Quand on se retrouvait tous les deux pour les grandes vacances
Nous partions à l’aube pour de longues marches au bord de l’océan
À notre retour le jeu de cartes nous attendait sur la table en faïence
J’aimais ta figure de mauvais perdant quand c’était moi le gagnant
Mon Meunier que j’aime, le moulin du temps a été trop vite
Meunier, c’est ainsi, maintenant ton cœur ne bat plus fort
Il a fallu que le mois où je suis née, à nouveau tu nous quittes
Je continuerai mon éveil à la vie puisque, « Meunier, tu dors »…
PHILALY // FEVRIER 2015
En souvenir de mon père nommé MOLEIRO qui en français se traduit par « Meunier »
De toi, « Pai », je ne garderai que le meilleur de ce que la vie a eu à nous offrir
Jusqu’au 9 février 2015.